jeudi 2 novembre 2017

Le plus gros bilan orthophonique de tous les temps ?!

Salle d'attente de Frédéric Martin, lundi 30 octobre, deux patients adultes échangent quelques mots en attendant l'heure de leur RDV :
- Je suis un peu inquiet, on doit faire un bilan aujourd'hui . . .
- On vous comprend bien aujourd'hui, ça devrait bien se passer !
- Merci, vous aussi, alors ça ne doit plus vous faire bien peur les bilans ?!
- Un peu quand même, les miens sont de plus en plus impressionnants . . .
- Ah bon ? Pourtant Frédéric est vraiment très sympatique ?!
- Oh oui, c'était le reste du jury qui m'a un peu déboussolé la dernière fois . . .
- Ah ? Y a tout un jury pour vous ? Mais combien de personnes y avait-t-il ?
- Un peu plus de 800 je crois . . .
Le plus vieux des deux messieurs dévisage son interlocuteur très surpris et se risque à demander :
- Mais combien d'entre eux étaient vraiment orthophonistes ?
- Tous, c’était même leur congrès national !
Sur le visage du doyen la surprise laisse place à une franche inquiétude, mais il ose tout de même une dernière question
- Et ça s'est bien passé ?
- Apparemment oui, j'ai eu droit à la mention "standing ovation" !

Ouvrir sa gueule, s'exprimer haut et fort (grâce au micro), dire ce qu'on à dire, porter une parole originale, incarner et assumer ce qu'on dit, avant, après, pendant même, et surtout dans mon cas, pour compléter ce qui ne s'entend pas - pour clarifier ce qu'on ne comprend toujours pas au milieu de mes éclats de voix. Je n’étais pas sûr d'en avoir encore le courage, surtout  devant un amphi bondé de professionnels du langage et de l’intelligibilité. . .
Bon, ben ça c'est fait et ça s'est plutôt bien passé, un peu comme la séance photo chez Harcourt ou l'interview télé qui allait avec. Je reprends pour ceux qui n'auraient pas suivi ça, et donc pas compris d'où sortait le somptueux portrait noir et blanc du poste précédent.
J'ai donc eu l'honneur et le plaisir d'être interviewé comme 5 autres "témoins" pour un documentaire télé à paraître dans l’émission Infra Rouge sur France 2 prochainement. Le thème c'est les gueules cassées, les visages abîmés, les tronches très atypiques et la mise en scène de ces entretient est redoutablement efficace. Ils ont lieu au cours de la préparation et des différentes étapes d'un shooting portrait "à l'ancienne" dans le magnifique hôtel particulier qui abrite les prestigieux Studios Harcourt, quelque part en bordure du seizième arrondissement.
Je crois que si on m’avait demandé  mon pire cauchemar quelques jours avant ce moment très étrange, j'aurais sans aucun doute répondu :
- "Etre filmé pendant que je parle ?!"
On y a passé plus de cinq heures si on met toutes les séances bout à bout ! J'ai même fait mon premier caprice de Diva : j'ai demandé à être sous-titré pour la diffusion télé. Je ferai beaucoup moins le malin le jour où ça va passer pour de bon avec des gros plan sur mon désastre faciale ou quand de parfaits inconnus viendront me dire ce qu'ils en ont pensé dans le métro, dans la rue.
Incarner et assumer, je l'ai déjà écrit plus haut, mais je me le remets là pour me le rappeler, quand ce sera un peu moins facile . . .
Voilà passés deux sacrées rounds de l'étrange combat plus ou moins "paisible" et quotidien que j'ai tenté d'expliquer cet été au retour de Montpellier. Deux belles victoires sur moi-même et sur cette saleté de maladie qui m'a bouffé de l’intérieur et éloigné de ma propre vie pendant plusieurs années.
Revenir vivre à Paris et retravailler à la Villette c'est finalement beaucoup plus qu'une "simple" victoire ou une étape décisive : c'est un changement de catégorie, un surclassement, ou l'arrivé dans le haut du tableau de la première division des combattants de l'improbable.
Ce n'est donc qu'un début pour ce genre de défis presque débiles qui me permettent quand même de positiver un peu les sept pires années de ma vie, et de partager ce qu'il peut y avoir à retenir d'une pareille expérience avec tous ceux que ça peut  aider, ceux que ça peut intéresser, et tous ceux que ça fait juste marrer de me voir me coller dans ce genre de situations totalement délirantes . . .


Frédéric Martin au 1er Plan, micro en main, en star de la journée
Jean Marc Kremer au second plan, la force tranquille,
Saverina et moi même au fond, près du radiateur . . .


Jean Marc Kremer, le "héros" du jour !



Le Palais de la musique et des congrès à Strasbourg,
et la foule, pas encore en délire, mais ça ne saurait tarder . . .